
Contexte et objectifs
A la Martinique, l’agriculture occupe 30% du territoire avec essentiellement la culture de la banane et de la canne à sucre. 16% de la surface agricole utile (SAU) est d’ailleurs dédiée à la culture de la canne à sucre soit une production de 220 000 tonnes dont 60% est dédiée à la production de rhum. On y retrouve principalement 7 distilleries de rhum agricole et l’usine du Galion qui produit à la fois du sucre et du rhum industriel.
​
Les campagnes de rhum se déroulent sur une période de 4 mois avec un rejet d’effluent important tant en volume qu’en concentrations. Ces effluents ou vinasses doivent être traités par les distilleries. Le problème est donc de trouver un système de traitement efficace sur un produit dont les variations temporelles que ce soit en termes de volumes, de viscosités ou de compositions sont importantes. Les principales méthodes de traitement existantes et utilisées actuellement en distillerie sont l’épandage sur les cultures (cannes à sucre, bananiers…), les stockages aérés et la méthanisation. Ces méthodes restent néanmoins peu satisfaisantes dans le cas des traitements de vinasses car présentent des temps de traitement longs,des risques de colmatage ou une gestion délicate. C’est donc face à la nécessité de proposer des installations de traitement des vinasses pertinentes pour les distilleries rhumières des DOM que le projet TerreRhum a été créé. Il s ’agit de la mise en place d’un système de boues activées ajouté à des lits de clarification et de séchage par des filtres plantés de végétaux adapté au contexte tropical.
Ce système met en œuvre une boue activée sans recirculation de boues suivi de lits plantés de végétaux permettant la séparation des boues produite de l’eau traitée, une finition de traitement de la partie dissoute et le traitement et stockage des boues sur une longue période.
​
Les lits de clarification séchage plantés de végétaux se révèlent être un traitement de finition très performant avec un rendement biologique très élevé ainsi qu’une forte capacité d’adaptation aux variations de charges de pollution et de volume. La qualité du rejet est stable ce qui est un atout lorsqu’une réutilisation des eaux traitées est recherchée.
​
La facilité de gestion des boues (stockées, séchées et minéralisée sur une période de 5 à 10 ans) est incontestablement un avantage conséquent pour l’exploitation des ouvrages. Il sera alors possible, in-fine, de valoriser ces boues en agriculture. De même, la surveillance et la maintenance de l’installation sont fortement réduites par rapport à un procédé classique par boues activées, grâce à la sécurité que proposent les filtres plantés.
​
Enfin, l’absence de nuisance olfactives, l’encombrement au sol acceptable, la rusticité du procédé ainsi que la bonne intégration paysagère sont des atouts intéressants des filtres plantés de végétaux dans le cadre d’une exploitation agricole.
​
Si ce procédé a fait ses preuves en milieu tempéré, son adaptation aux rhumeries et en climat tropical est en revanche un nouveau domaine d’application. Le choix des végétaux, la charges a appliquées sur les lits et les temps de repos seront à établir dans le cadre d’une application en zone tropical. Ce projet serait alors une parfaite démonstration pour présenter à la profession des Antilles une solution attractive, respectueuse de l’environnement et permettant une valorisation locale des eaux traitées et des boues.

© Observatoire de l'Eau Martinique, 2017
Les objectifs de ce projet de grande envergure sont :
-
Caractériser les effluents et leurs amplitudes temporelles
-
Optimiser le fonctionnement de la phase boues activées pour le traitement des vinasses afin d’atteindre des performances maximales et de rendre la pollution restante assimilable par les lits plantés de végétaux
-
Permettre aux distilleries de toutes tailles de mettre en place ou de réhabiliter leur système existant avec un système leur permettant de gérer les boues de manière naturelle et intégrée
-
Bénéficier d’un ouvrage de dépollution fiable et stable permettant la réutilisation de l’eau dépolluée pour l’irrigation des cultures telles que les bananiers et la valorisation des boues minéralisées
-
Définir les modalités de transférabilité des règles de dimensionnement à d’autres sites de production
-
Vérifier l’innocuité du dispositif sur le milieu